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05/12/2006 17h26, par 01net
Pour les entreprises, l'Ethernet est une vieille connaissance. Elles l'utilisent dans leur réseau local depuis des années. Prolonger cette technologie sur la boucle locale cuivre - et plus uniquement fibre - pour se raccorder au réseau Ethernet métropolitain de l'opérateur n'est donc pas une mauvaise idée. Cela mettrait Ethernet à la portée de 88 % des entreprises non desservies par la fibre en boucle locale, selon le constructeur Hatteras.
Le premier en France à sauter le pas est Colt, qui proposera début 2007 de l'Ethernet sur paires téléphoniques. Les tarifs ne sont pas encore connus. Mais cette offre fait déjà partie du catalogue de l'opérateur au Royaume-Uni et en Belgique, notamment. Outre-Manche, Easynet commercialise aussi ses propres services Ethernet sur cuivre. Tous deux ont retenu le constructeur Actelis. Mais il y a fort à parier que les autres opérateurs, dont beaucoup ont déjà une offre sur fibre, vont suivre.
Côté technologie, Ethernet dans la boucle locale - ou EFM (Ethernet in the First Mile) - est défini par la norme 802.3ah, élaborée par l'IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers). Cette dernière ne tient pas compte du type de support. Sur fibre, elle offre un débit allant jusqu'à 1,25 Gbit/s sur une vingtaine de kilomètres, utilisant la technologie Epon (Ethernet Passive Optical Network). Une véritable autoroute. Sur cuivre, il faudra se contenter d'une nationale. La bande passante atteint 20 Mbit/s. Et, à ce débit, la portée ne dépasse pas 1,5 kilomètre. A 3 kilomètres, elle tombe à 10 Mbit/s.
Le transport d'Ethernet sur paires téléphoniques s'appuie sur l'agrégation de lignes E-SDSL de niveau 1 du modèle OSI. Chacune d'elles autorise un débit de 3,1 Mbit/s (1). Il n'était que de 2,3 Mbit/s avec la technologie précédente SDSL (2). Pour obtenir les 20 Mbit/s, l'astuce est d'agréger au niveau 2 (Ethernet) les trafics de plusieurs paires E-SDSL. La norme ne prévoyant pas un nombre maximal de paires téléphoniques agrégées, les opérateurs se limitent à huit paires. Le débit total atteint donc huit fois 3,1 Mbit/s, soit 20 Mbit/s réels. Cela pour la France. Dans les pays où l'E-SDSL n'est pas bridé, le débit grimpe à 40 Mbit/s. Il n'est pas obligatoire d'utiliser systématiquement huit paires. Colt annonce ainsi que quatre paires suffisent pour transporter 10 Mbit/s sur 2 kilomètres. Mais pour passer à 3 kilomètres, les huit paires doivent être agrégées.
Rassurer les entreprises en certifiant les services
Mais encore faut-il que le réseau Ethernet métropolitain gagne ses galons de classe opérateur pour raccorder cette boucle locale - et rassurer les entreprises utilisatrices. Se substituant à la technologie de transport télécoms par excellence SDH (Synchronous Digital Hierarchy), il se doit d'être de qualité équivalente. Le MEF (Metropolitan Ethernet Forum) a donc lancé un programme de certification des services Ethernet proposés par les opérateurs. Indépendant du support, ce label (MEF-14) garantit à l'utilisateur un Ethernet de classe opérateur, bien au-dessus de la qualité d'un réseau local classique. Certifier des équipements est chose courante dans l'industrie. Le MEF l'a fait pour l'Ethernet métropolitain avec la spécification MEF-9, annoncée au printemps dernier. Mais c'est la première fois qu'une certification porte sur des services.
A l'origine, Ethernet est une technologie sans garantie de résultat (best effort). Ce n'est qu'ensuite que sont apparus des mécanismes de qualité de service via, notamment, l'arrivée de la voix sur IP. Mais ils sont insuffisants pour un réseau d'opérateur. C'est la raison pour laquelle le Metropolitan Ethernet Forum a défini cinq familles de critères à respecter pour hisser Ethernet au niveau des technologies purement télécoms (relais de trames, RNIS ou ATM) : services standardisés (3), qualité de service, fiabilité (en cas de coupure d'un lien dans le réseau, par exemple), extensibilité (possibilité, pour le réseau, d'absorber une forte demande), et gestion du réseau. Mandatée par le MEF, la société Iometrix teste ainsi plus de 170 critères en vue d'octroyer la certification MEF-14. Pour l'entreprise, cela garantit des services fiables. Pour l'opérateur, c'est l'assurance que, s'il interconnecte son réseau avec celui d'un opérateur conforme à la spécification, la qualité ne sera pas dégradée.
Tant de précautions se justifient par les promesses du marché. Le cabinet Infonetics Research l'estime à 5,9 milliards de dollars en 2005, et à 22,5 milliards en 2009 ! Une explosion qu'expliquent les atouts d'Ethernet. Il est moins cher que les technologies classiques (SDH, par exemple), car plus simple à mettre en oeuvre, et il bénéficie de l'effet de masse. Il s'avère aussi plus souple à l'usage. En technologie classique (E1 et E3), les débits vont de 2 à 34 Mbit/s, sans étapes intermédiaires. La grande force d'Ethernet repose aussi sur sa granularité. Sur un port physique de 10 Mbit/s, on peut commencer avec un débit à 2 Mbit/s, et monter, par commande logicielle, jusqu'à 4,6 ou 8 Mbit/s sans changer l'interface. Si l'opérateur propose ce service, l'utilisateur effectue lui-même cet ajustement.
Les opérateurs mobiles pourraient aussi l'adopter
L'Ethernet de classe opérateur intéresse les fournisseurs de services pour leurs besoins internes. Les opérateurs de téléphonie mobile raccordent en effet leurs stations de base aux contrôleurs et aux commutateurs grâce à des liaisons E1 (2 Mbit/s). C'est suffisant pour du GSM, mais trop juste avec la 3G, et, demain, la 3G+. Multiplier les liens E1 revient cher lorsqu'il faut les louer à un autre opérateur. Avec ses 20 Mbit/s (et peut-être 40 Mbit/s demain), l'Ethernet sur cuivre se révèle une solution économique. Elle peut aussi alimenter des DSLAM déportés, voire relier des stations de base Wimax ou DVB-H (télévision pour mobiles). Enfin, les opérateurs peuvent proposer l'Ethernet sur cuivre comme solution de sauvegarde d'une liaison fixe.
(1) E-SDSL propose un débit de 5,7 Mbit/s, limité en France à 3,1 Mbit/s. (2) Il s'agit de la terminologie de l'Etsi (European Telecommunication Standard Institute). L'UTI parle de G.SHDSL.bis pour la version à 3,1 Mbit/s, et de G.SHDSL pour celle à 2,3 Mbit/s. (3) A savoir EPL (Ethernet Private Line) ou émulation d'une liaison louée ; EVPL (Ethernet Virtual Private Line) ou l'équivalent d'un circuit de type DLCI en relais de trames ; et E-LAN ou interconnexion de plusieurs réseaux locaux
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